J'ai 5 ans, mon handicap est découvert...

Aujourd’hui, je souhaite vous faire part d’un moment particulièrement traumatisant de ma vie, de ma vie de jeune enfant. Un moment qui a fortement pesé sur ma décision de créer 25 ans plus tard Objectif Confort…

 

Je me souviens parfaitement de ce moment terrible de ma vie. C’était en début novembre 1985. Je ne me souviens ni du jour exact ni de l’heure à laquelle ce moment s’était passé. Nous étions très sûrement soit le 7 novembre 1985, soit un des jours suivants. Je me souviens que c’était en journée. Je ne me souviens pas s’il faisait beau. Je me souviens par contre que la lumière du soleil pénétrait de manière diffuse dans le séjour de la maison que mon père avait joliment construite de ses mains.

 

Mon père avait acheté un terrain à un cultivateur et y avait construit notre maison. Avant que mon père y construise notre maison, ce terrain, qui se trouve dans un village non loin de Toulouse, était un simple champ cultivé.

 

Les travaux de cette maison étaient déjà bien avancés puisque l’on vivait de manière tout à fait convenable à l’intérieur même si l’extérieur n’était pas fini. Chez nous il n’y avait pas de fioriture, pas de nombreux objets décorant les murs. Non rien de tout cela. Une maison bien construite et donc agréable à vivre mais sans décoration outre mesure. 

 

Je m’en souviens comme si c’était hier. J’avais 5 ans. Ma mère, ma sœur et moi, nous étions assis sur le canapé que mon père avait d’ailleurs lui-même construit. C’était un canapé un peu dur. Nous nous asseyons sur des coussins noirs d’environ 15 cm d’épaisseur. D’autres coussins identiques étaient fixés à l’arrière avec du velcro et servaient de dossier. Sous les coussins horizontaux de l’assise et derrière les coussins verticaux qui servaient de dossier, il y avait des planches de lambris. Et derrière ces lambris, c’était une construction joliment faite avec de belles pierres cimentées. Autant dire que malgré la souplesse qu’apportaient les coussins, ce canapé était un peu dur. Mais il avait la spécificité d’être unique, authentique et « fait maison ».

 

Nous étions donc tous les 3 assis sur ce canapé. Je crois même pouvoir dire que ma sœur était assise au centre, entre ma mère et moi. Etant paralysée du côté droit, ma sœur a des difficultés à se déplacer. Ainsi elle n’avait pas dû bouger pendant tout ce moment de stupeur.

 

 

 


Sébastien Marty à 8 ans



 

 

Ma sœur donc, est née le 7 novembre 1975. Elle venait de recevoir en cadeau pour ses 10 ans une montre. Ma mère lui avait fait écouter le « tic-tac », ce petit bruit que fait le mécanisme d’horlogerie pour faire avancer les aiguilles chaque seconde. Puis, ma mère m’a fait également écouter le fameux « tic-tac » et je n’ai rien entendu… Rien… Un court instant nous avons pensé que cette montre ne fonctionnait peut-être pas correctement… qu’elle s’arrêtait de temps en temps…

 

Ma mère a alors réécouté plusieurs fois cette montre et elle a toujours bien entendu le fameux « tic-tac ». Elle m’a alors fait écouter la montre à mon oreille gauche. J’ai alors parfaitement bien entendu le petit bruit. Puis j’ai pris la montre et l’ai placée contre mon oreille droite et toujours rien… Pas de bruit… Le silence… Puis j’ai replacé la montre contre mon oreille gauche et j’ai encore une fois parfaitement entendu le « tic-tac »…

 

Ce fût un moment particulièrement marquant dans ma vie. Ma sœur, à ce moment-là, n’avait très sûrement pas du tout compris la gravité de la situation. Je dois dire que je ne suis pas sûr d’avoir moi-même, à cet instant, bien saisi l’importance et surtout les conséquences négatives que cette terrible et triste nouvelle pouvaient entrainer…

  

A partir de ce moment-là il s’en est suivi 2 à 3 ans d’innombrables tests dans les hôpitaux de Toulouse. Tout d’abord pour bien constater ma surdité totale de l’oreille droite, ensuite pour essayer de comprendre comment cela avait-t-il pu se produire et enfin peut-être trouver une solution pour retrouver l’audition.

 

J’ai ainsi de très nombreux souvenirs de moments passés dans des centres d’audition de l’hôpital Rangueil et de l’hôpital Purpan de Toulouse. Je me revois, petit enfant, en train de passer ces fameux tests d’audition : j’étais souvent placé dans un caisson parfaitement insonorisé avec un casque sur les oreilles. Levant le bras gauche lorsque j’entendais un bruit dans l’oreille gauche et ne levant jamais le bras droit…

 

Parfois, après certains tests, nous avons cru à un minuscule retour d’audition sur l’oreille droite mais ce n’était qu’illusion.

 

A cette époque j’avais déjà passé quelques tests d’audition à l’école primaire et ma surdité de l’oreille droite n’avait bizarrement jamais été détectée.

 

D’après les médecins, ce qu’il a dû se produire c’est que soit les cellules auditives de l’oreille droite n’ont jamais existé, soit elles sont mortes peu après ma naissance. Et il est fort probable que la deuxième possibilité soit la vraie. En effet lorsque j’étais bébé j’avais des otites à répétition. Il est alors tout à fait probable que je n’ai perdu l’audition de l’oreille droite lors de ces otites.

 

  

 


Ma soeur à gauche et moi à droite - Noël 1982

(Bizarrement sur cette photo j’ai les yeux fixés vers ce fameux canapé)

 

 

Je dois dire que si la raison de ma perte d’audition de l’oreille droite provient de ces otites à répétition, alors je suis heureux d’entendre de mon oreille gauche car cette oreille aurait aussi pu être touchée. J’aurais alors été sourd et ma vie aurait été complètement différente. Ainsi le handicap aurait été autrement plus important, autrement plus gênant au quotidien. J’aurai eu une autre vie.

 

Bref, dans mon malheur je peux tout de même m’estimer heureux.

 

Voilà, je tenais à vous faire part de ce moment très marquant de ma vie. Un moment traumatisant. Un  moment inoubliable.

 

Sébastien Marty

 

 

Si vous le souhaitez, n’hésitez pas à laisser un commentaire.

Publié dans 2 - Mieux nous connaître

Publié le 09/08/2014 15:56:52
  • commentaires ( 2 )
Alban

2014-08-10 22:55:25

C'est un beau témoignage, très bien écrit et touchant. Bravo pour le courage de l'avoir partagé Sébastien.

Hervé31

2014-08-10 10:38:32

Bonjour Sébastien,Votre histoire m'a beaucoup touché. Je vis moi-même une déficience visuelle depuis mon plus jeune âge. Merci pour votre témoignage, cela me rassure de commander chez un professionnel qui est directement concerné par un handicap.

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